PARENT ou DEMI-PARENT ?

Un tweet a récemment suscité un débat avec une diversité d’opinions.

« Certain.e.s se plaignaient que les parents africains ne disent pas  je t’aime , et il leur a été répondu que rien ne dit je t’aime plus que préparer ton meilleur plat, t’attendre devant l’école, te laver, t’habiller ou te caresser les cheveux. Nos parents communiquent un amour pur qui se passe de paroles ».

  1. En réalité, ce ne sont que les devoirs de tout parent responsable qui ont été cités, peu importe la race.  Les parents d’autres continents les accomplissent aussi, en plus de dire je t’aime à leurs enfants, plus d’autres paroles valorisantes. Si en tant que parents vous ne faites pas cela alors que vous avez toutes vos facultés et aucune distance ne vous sépare de votre enfant, qui le fera à votre place ?

  2. Tous les enfants, pour ne pas dire qu’en général les enfants, n’ont pas la maturité pour comprendre que les actes des parents sont un langage d’amour. Vous serez même étonnés que certains enfants l’assimilent simplement à de la gentillesse. Des personnes ont fait les meilleures écoles grâce aux sacrifices de leurs parents sans jamais se sentir aimées, car n’ayant jamais entendu de mots réjouissant leur cœur, ou boostant leur estime. D’ailleurs, certaines personnes ont grandi avec le précieux rappel chaque jour du sacrifice fait pour subvenir à leurs besoins (leurs droits d’enfant). 

  3. Tous les enfants ne sont pas les mêmes : si Koffi comprend que ses parents, en payant ses scolarités, font leur devoir et lui disent ainsi qu’ils l’aiment, cela ne vaut pas pour Adjo qui se sentirait aimée, si au-delà de cela les parents passaient du temps avec elleOn n’aime pas un enfant comme on veut l’aimer, on l’aime selon son besoin affectif. 

  4. Ne nous méprenons pas; ce n’est pas parce que les sujets de psychologie ou de langages d’amour sont connus de notre génération, que les enfants n’ont jamais été frustrés ou se sont sentis automatiquement aimés. Si c’était le cas, le sujet n’aurait même pas raison d’être. Ce qui crée le débat de nos jours, c’est que beaucoup de personnes grâce aux livres, au développement personnel et à Internet ont des mots à mettre sur leurs maux.

  5. Toutefois, il est important de comprendre que ce n’est pas parce que c’est un devoir, que ce n’est pas spécial. Seulement, ce n’est pas à vous de déterminer en vérité ce qui est spécial ou pas. D’où, vous devriez donc faire votre devoir et laisser vos enfants, votre entourage reconnaître que vous le faites de manière spéciale. Toute la différence est là.

  6. Si on devait dire que tous les parents ayant fait correctement leurs devoirs posaient des actes spéciaux, on pourrait aussi dire que ne pas le faire est donc la norme ?!
    Prenons un exemple banal : est-ce que c’est parce que vous nourrissez votre animal de compagnie que vous l’aimez, ou vous le nourrissez parce que vous devez le faire afin qu’il vive ? En revanche, l'amour pour cet animal sera déterminé par l’attention particulière que vous rajoutez au fait de le nourrir simplement.


Petite, mon père cuisinait pour nous quand maman était absente, et quelquefois quand bien même elle était à la maison. Mon père tressait ma sœur, la douchait etc… Il faisait simplement son devoir de père, mais nous aimions cela. Nous apprécions cela. J’étais souvent très heureuse quand papa était en congés, car je savais qu’un repas chaud et succulent m'attendrait à mon retour de l’école. Et jusqu'à aujourd'hui, sans cacher ses manquements, on lui reconnaît pleinement ce qu’il faisait merveilleusement bien dans ses devoirs de père. Mais toujours est-il que cela demeure des devoirs de père, et mes ainés disaient dans mon enfance que j’étais la plus aimée des parents. Ces derniers ont fait de grands sacrifices pour nous mettre dans les meilleures écoles, nous offrir ce qu’il faut pour qu’on puisse s’épanouir selon les moyens disponibles. On recevait tous les trois les mêmes traitements et pourtant, j’étais désignée comme la fille préférée de papa et maman.

La question est donc : comment se fait-il que mes aînés me trouvaient la préférée, bien que les parents faisaient leurs devoirs de manière particulière envers chacun de nous ? Il est vrai que pour raison de santé fragile, c’était difficile d’avoir les mêmes punitions qu’eux; néanmoins, j’avais aussi ma part de correction pour mes bêtises. 

On en revient au fait que remplir ses devoirs de parents, aussi spécialement que cela soit fait, ne remplace pas la nécessité d’apprendre à exprimer son amour à ses enfants selon leurs besoins affectifs individuels. Personne ne nie les sacrifices des parents, personne ne minimise leurs efforts, mais c’est trop limite de s’en arrêter là et de ne pas essayer de faire plus ou mieux. Ce que certains appelleraient ne pas dormir sur ses lauriers.

La parentalité s’apprend et nécessite pour ce faire, de déconstruire en soi ce qu’on a toujours connu. Désapprendre pour apprendre chaque jour, être enseignable et ce même par ses enfants. Ce n’est qu’à cette condition que vous pourriez être parent selon le besoin de votre enfant. Car oui, il ne s’agit pas juste d’être parent selon ce qu’on pense qui est bon. Il s’agit d’être parent selon le besoin de l’enfant. C’est comme les relations amoureuses : vous pouvez être convaincu.e d'aimer votre partenaire, mais si vous ne l’aimez pas selon ses attentes, il y aura toujours un vide en cette personne. Il vous faudra donc discerner et comprendre son besoin pour l’aimer comme il faut. Avec les enfants aussi, c’est exactement comme cela.

Combien d’enfants de familles nanties ou de parents s’étant tellement sacrifiés n’avons-nous pas vu dans des situations alarmantes ? Combien de parents n’ont pas été surpris d’apprendre telle ou telle chose sur leurs enfants, alors qu’ils ont tout mis à leur disposition ? 


Qu’est-ce qui a manqué ? La communication, les expressions d’amour, les conversations franches et honnêtes, les moments de qualité, les discussions à bâtons rompus, le fait de jouer avec eux, de se faire leurs ami.e.s.

Petit exercice proposé par Oman  : demandez à vos enfants s’ils sont heureux d’être dans votre famille. Est-ce qu’ils sont heureux des parents que vous êtes pour eux ? Si oui, en quoi le sont-ils ? Si non, que faut-il faire mieux ? Vous serez surpris.e.s en les écoutant et quelques fois encore plus agréablement que vous ne pourriez le penser, ou vous apprendrez tout simplement à faire mieux. Et si vous ne pouvez pas faire plus, expliquez-leur de la manière la plus simple possible pour eux à comprendre ; leur niveau de compréhension et de compassion à votre égard pourrait bien vous émerveiller.

Tenez avec amour cette simple discussion avec votre progéniture. Mon inbox sera disponible pour les partages après cette activité.

Je vous fais de gros bisous et prie que Dieu le Père par excellence nous apprenne à être les parents qu'il faut pour nos enfants, car une société épanouie et juste débute par des familles équilibrées et épanouies.


PARENT ou DEMI-PARENT ?
Edwige Mensah 3 mai 2023
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